samedi 30 avril 2016

Sculpter un Troll en Beesputty - Vidéo


La vidéo se trouve en fin de post !

Le projet :
La sculpture m’a toujours fasciné. J’ai eu l’honneur de rencontrer les frères Perry, sculpteurs de renom, et même de les voir au travail. J’ai souvent touché un peu au Green stuff dans le cadre de conversions et autres modifications de figurines. Par la suite, j’ai pu exercer brièvement sur de la cire de sculpture, qui permet de travailler longuement, grâce aux conseils de David Cockershell (celui qui a sculpté le magnifique gardien des secrets forgeworld p.ex.).

À la recherche d’un bon sujet pour tester le beesputty, j’ai pensé à au fameux troll Forgeworld, un ancien modèle qui était destiné à être une pièce de collection à plus grande échelle, mais qui faisait un superbe géant. Je ne l’avais malheureusement pas acheté à l’époque et sur Ebay aujourd’hui il n’est pas donné.Il a le bon goût de présenter une anatomie humanoïde, intéressante à sculpter, tout en restant suffisamment difforme pour excuser des erreurs de débutant.



Step by Step (voir la vidéo ci-dessous) :

1ère étape : le socle, en prenant la mesure de socles réguliers histoire de pouvoir le monter plus tard. Il s’avère rapidement que c’est la plus grande taille qui s’impose, vu l’échelle. Réalisé avec une chute de bois, percé en maints endroits pour choisir plus tard des points de départ pour les fils de fer de l’armature (je savais que je n’aurais plus accès à ma perceuse par la suite).

2ème étape : l’armature de base. Elle est composée de deux fils de fer (des cintres de pressing) tordus à la pince pour faire bras et jambes. Je centre est ligaturé avec du fil plus fin et assez vite une première boule de beesputty, cela me permet de tester le processus de cuisson. Je suis assez soulagé en constatant que le bois du socle ne prend pas feu dans le four. :p

3ème étape : la pose des premiers volumes en aluminium. Cela permet d’économiser du putty !

4ème étape : sculpture des volumes musculaires… + détails (pieds) Je rencontre des problèmes pour les volumes supérieurs, l’ancrage de mon armature est un peu fragile. Avant d’aller plus loin (nouvelle cuisson), il faut que je puisse lisser les surfaces déjà travaillées. Poser les muscles est vraiment un travail jouissif. Les choses se font naturellement en prenant des boudins auxquels on donne au préalable vaguement la forme du muscle avant de le poser et de le faire adhérer en en lissant les bords avec les doigts et les outils. La musculature se forme ainsi naturellement. 

5ème étape : une fois satisfait du volume du torse et de la texture du ventre, j’entame l’habillage de la figurine avec la sculpture d’écailles. Je commence par m’exercer sur une zone peu visible, mais c’est relativement facile à faire. Il suffit d’apposer une couche de l’épaisseur voulue sur la zone à travailler, de la lisser avec un pinceau gomme, puis de créer des entailles avec un outil relativement fin et pointu. Il faut enfoncer la matière et non pas la tirer pour ne pas créer des résidus, un peu comme en poinçonnant. Si des plis disgracieux résultent de ce poinçonnement, ce n’est pas grave on pourra les corriger par la suite. Une fois qu’une zone est satisfaisante, on prend l’outil de dentiste recourbé et on appuie gentiment sur chaque écaille. Cela va permettre de complexifier les surfaces, mais aussi de corriger des bêtises et de resserrer un peu les écailles entre elles. Il faut évidemment pendant tout ce travail être attentif aux volumes, on peut profiter des écailles pour souligner certains muscles et généralement il faudrait partir d’une bonne base anatomique sous la couche d’écailles. J’ai procédé en plus fois avec des cuissons successives pour pouvoir manipuler le troll sans ruiner les écailles précédemment exécutées.

6ème étape : il faut commencer à songer au plus dur… la tête ! D’abord, poser les volumes de bases (je réalise rapidement deux croquis pour comprendre la figurine et je m’affiche des photos de tête de troll de face et de profil). Je modèle rapidement une tête de troll du niveau d’un gamin de quatre ans pour avoir un volume vraiment définitif, et cela va être utile pour Monsieur Patate (voir plus bas). Je réalise ensuite un « crâne » qui ressemble plutôt à une tête réduite, avec des orbites fortement marqués, l’emplacement du futur nez et la zone qui s’étend jusqu’à la bouche. Je pars d’une boule formée autour d’un stylo et j’enlève successivement un maximum de matière pour être sûr que cela passe : mieux vaut trop petit que trop grand dans cette phase de construction du volume.
Je réalise deux billes pour les yeux au préalable en les cuisant séparément (mhh le fumet des yeux de troll au four… un délice !). Ensuite, j’écrase un petit peu de putty au fond des orbites et y enfonce délicatement les globes oculaires. Cela donne tout de suite une expression à ce visage qui ressemble encore davantage à celui d’un orc. Ensuite, un boudin en dessous et un boudin au-dessus, pour sculpter les paupières. C’est important de les faire fines. Le fait d’avoir cuit les yeux au préalable est évidemment crucial pour que l’on puisse écraser les paupières contre les globes oculaires déjà durs..
Ensuite j’applique la technique de Monsieur Patate. Je compose les volumes des oreilles, du nez, de la lèvre avec des boudins grossiers et je fais plusieurs essais. Cela me permet d’avoir le bon volume préparé et aussi d’ajuster l’expression que je voudrai lui donner. Ensuite je sculpte et cuis les dents et la langue, selon le même principe que les yeux. Une fois satisfait, j’écrase la lèvre sur les dents, la recourbe et paf, un peu de texture et c’est fini.
Les oreilles m’auront posé un grand problème. Trop fines, j’ai eu la mauvaise surprise de les trouver tombantes à la sortie du four : la chaleur ayant probablement commencé par les ramollir un peu avant de les cuire. J’ai donc dû recommencer en m’aidant d’un petit bout de fil de fer pour les rigidifier.

7ème étape : Ensuite, recouvrir le dos et le crâne d’écailles, c’est parti ! Il faut prendre soin de rehausser les détails anatomiques, tels que les omoplates, plutôt que de les faire disparaître.



8ème étape : Après quelques semaines de pauses pour raisons professionnelles, je m’attaque aux mains. J’ai beaucoup d’hésitations. Le troll original de forgeworld portait une grande massue dans la main droite et avait le poing gauche serré, sans grande esthétique. En plus réaliser une massue en beesputty me semblait un peu dangereux, je l’imaginais trop friable. J’ai donc opté pour une main gauche agitant ou levant un indexe, qu’on préfère le voir comme une invitation ou comme un signe d’assertion rhétorique. Et pour la droite, je me suis risqué à un détail fou auquel j’ai failli renoncer en cours de route… je voulais donner l’impression que le troll était occupé à autre chose, peut-être par son activité favorite, le casse-croûte. Un squig tout écrasé me paraissait la meilleure solution.
Les mains sont d’abord réalisées en fil de fer, c’est primordial d’avoir une telle armature en raison de la friabilité du matériau encore une fois. Le squig est réalisé à part. 


Constats :
-    Au bout d’un moment le putty adhère à tout, il faut se laver les mains et laver les outils pour pouvoir travailler proprement. En fait cette impression disparaît une fois que les outils sont bien gras… donc soit on lave tout tout le temps, soit on laisse tout en l’état !
-    La pâte sèche légèrement. De fines couches adhèrent plus facilement à d’autres couches fraîches qu’à de précédentes couches séchées ou cuites.
-    Important de travailler lentement, de faire des pauses pour porter un regard frais et critique sur son travail.
-    Quand la figurine sort du four, il ne faut rien toucher, même les éléments précédemment cuits se ramollissent et acquièrent une certaine friabilité. Il est très important d’attendre le refroidissement complet avant de retravailler.
-    Au moment de la cuisson, les éléments les plus fins et en suspension peuvent commencer par ramollir avant de sécher, on ne peut donc pas créer quelque chose de fin et en suspension sans un fil de fer. Ainsi pour les oreilles, j’ai dû m’y reprendre à deux fois et incorporer un fin fil de fer.






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